Les 108 karanas sont les unités de danse décrites dans le Natyashastra, le plus ancien traité des arts de la scène, rédigé vers le 4ème siècle avant notre ère. Disparus au 14ème siècle, ils furent longtemps considérés comme des pauses car figés dans la pierre des temples du sud de l'Inde et de Java.
Padma Subrahmanyam les reconstruit dans la 2nde partie du 20ème siècle, lors d'une étude comparée entre enregistrements sculpturaux et traités anciens.
Les karanas sont à la source de tous les mouvements de danse qui se sont développés dans le sous continent indien, de l'Afghanistan à l'Indonésie, en passant par la Birmanie et le Cambodge.
Ils se caractérisent par la symétrie, la précision, la fluidité et sont classifiés de part leur nature comique, gracieuse,
ou acrobatique.
La différence majeure entre les karanas et les techniques de danse actuelles se situe dans l'utilisation des jambes
et de l'espace.
L'extension des jambes a pratiquement disparue et les styles actuels dépendent principalement de la frappe de pieds.
On retrouve dans les karanas les mouvements de jambes utilisés dans les styles occidentaux.
Outre leur attrait esthétique, les karanas ont une valeur théâtrale.
Lors de leur disparition au 14ème siècle, le théâtre devint le seul vecteur de communication et la danse reléguée à une simple fonction esthétique dépourvue d'émotion.
Les karanas sont nés de l'urgence à imiter la nature de l'Homme et son environnement.
Ils peuvent être choisis pour créer divers sentiments, dépeindre des idées générales, émotions transitoires ou animaux.
Photos : Dominique Delorme - dancingindia.net * Video : Bharatiya Natyashastra, Nrityodya Chennai